Handiplace est le site d'information d'Alter Egal
Handiplace : Emploi, Formation, Insertion des personnes handicapées
 
 
 

Affichage déficients visuels
Imprimer la page

Philippe Proudhom, 48 ans. Créateur d'un cabinet de courtage en assurance - Annecy (Haute-Savoie)


PARCOURS

1980 - 1992
Téléconseiller à la MACIF-Paris
1993 - 2000
Conseiller assurances à la GMF - Orléans - Toulouse - Lyon
NOVEMBRE 2000
Installation à Annecy et perte d'emploi - Réflexion sur son projet - Rencontre Cap Emploi
DÉCEMBRE 2001
Grâce à l'Agefiph Rhône-Alpes et au Conseil général de Haute-Savoie il peut acquérir un ordinateur équipé d'un programme braille Wave, un logiciel de braille et de reconnaissance vocale, une imprimante en braille et tout le matériel de bureautique nécessaire à son activité.
30 AVRIL 2001
Dépôt au registre de commerce de sa société
JANVIER 2002
Démarrage de l'activité
AVRIL 2000
Déjà une cinquantaine de clients pour environ quatre-vingt contrats

"Quand j'ai perdu la vue, il y a onze ans de cela, cela a été très dur. Je me suis retrouvé dans le noir du jour au lendemain. Alors je me suis dit : Philippe, il y a deux solutions : soit tu te fous en l'air, soit tu choisis de vivre. Et j'ai choisi la vie. Mais alors, tu te bats. Et je me suis battu…".


Un ange passe. A ces mots, Philippe sourit. Un sourire généreux, souligné par son regard qui voit loin. Sourire, c'est sa manière de vous accueillir dans son bureau-appartement. Ordinateur, fax, imprimante, quelques dossiers savamment ordonnés et murs discrets. Un décor banal pour un homme qui ne l'est pas.
"Créer une entreprise, c'était un défi pour moi. C'était plus simple de rester au chômage. Mais moi je ne voulais pas de ça" confie-t-il, volontaire.
En novembre 2000, il perd son emploi. "Depuis longtemps l'idée de créer ma boîte me trottait dans la tête…". Il faut dire que notre homme, ceinture noire de judo et randonneur invétéré est du genre fonceur. Passage à l'acte. Et de se souvenir de la mine stupéfaite de la conseillère ANPE lorsqu'il lui annonça "qu'il n'allait pas mettre trois mois avant de retrouver du travail puisqu'il allait créer son entreprise". Il en rigole encore…
"J'ai eu la chance de trouver à l'ANPE des gens très à l'écoute qui m'ont mis en relation avec le Centre Technique de recherche d'emploi. Et là je suis tombé sur un type extraordinaire qui m'a permis de mûrir mon projet".
Commence alors un incroyable "parcours du combattant" car "on ne fait rien pour vous encourager". Même quand on ne voit pas… Impôts, Chambre de Commerce, tribunal, paperasserie au kilo, sempiternelles démarches sur l'air du "y'a toujours quelque chose qui va pas".


Grâce à Cap Emploi, Philippe croise l'Agefiph Rhône-Alpes. Un ergonome étudie ses besoins. Pour bénéficier d'une aide lui permettant d'acquérir du matériel spécifique, le 30 avril 2001 il dépose au registre du commerce sa société : "Assurance Annecienne des biens et des personnes". Ce qu'il ne sait pas c'est qu'il lui faudra un an pour commencer réellement à travailler. "J'ai commencé à monter mon dossier en avril et il a été accepté en juin. J'ai reçu ma notification de paiement après l'été et l'argent en décembre. Et encore, parce que j'ai poussé ma gueulante…". Et d'ajouter : "il a fallu que j'aille chercher le matériel à Paris, le 26 décembre… Enfin cela a été épou-van-table !".
"A plus d'une reprise, j'ai été découragé" concède-t-il. Pas abattu, l'homme n'est pas fait de bois tendre. "J'ai un père qui a toujours été très dur". Il me disait : "Aujourd'hui tu vois encore un peu, demain tu ne verras plus. C'est à toi de bien l'admettre : tu n'as pas le choix".
Début janvier 2002 enfin, Philippe est à pied d'oeuvre. "Pendant un an, j'ai vécu sur mes subsides… Je ne pouvais rien faire sans matériel. Heureusement ma Sécu et ma caisse de retraite ont fait des efforts et puis tant que je ne peux pas me payer, je bénéficie du PARE…".
Son objectif ? "Que mon projet se pérennise. Fin 2002, j'espère être à l'équilibre et, dès 2003, faire des bénéfices. Même petits…".
L'avenir ? Philippe le voit en grand. "Je veux m'implanter partout en Rhône-Alpes. C'est peut-être un peu prétentieux mais si l'on n'a pas de buts, on n'avance pas. Pour ça, j'ai mille idées…".
On le croit. Et tant pis si certains fournisseurs lui demandent encore de regarder son logiciel avant d'appeler. "Mon handicap, c'est quelque chose que j'ai de plus par rapport aux autres. Ce n'est pas un handicap : c'est une force".

©photos : Marie-laure Costa

haut de la page

texte mis à jour le :  11 février 2005

          
| Handiplace en page d'accueil | | e-mail Webmaster Webmaster |