temoignage th | Jean-Marie Mocquot, 55 ans. Inventeur et créateur d'entreprise - Les Avenières (Isère)

 


PARCOURS

1994
L'Agefiph Rhône-Alpes intervient pour soutenir l'élaboration d'un prototype de fauteuil et pour une étude expérimentale de matériels techniques pour un montant cumulé de 56 677 €
1999
Ces projets sont présentés à divers organismes dont EDF et l'ANVAR pour une aide à l'innovation
AVRIL 2000
Constitution de la SAS JM MOCQUOT
JANVIER 2001
Dossier de demande de financement complémentaire de 45 735 € pour l'homologation et la mise en service de préséries de combinés fauteuil-véhicule

"Je me suis mis dans la peau d'une personne handicapée. Quand on a compris tous ses besoins, d'abord on sait la chance qu'on a d'avoir nos deux bras et nos deux jambes, et puis ça permet, en se creusant la tête, de trouver des solutions".


Un hangar de génial inventeur perdu dans la campagne iséroise. Dehors, une voiture "sans permis" entièrement modifiée. En poussant les portes, on découvre un atelier où s'affaire Jean-Marie Mocquot. Un décor étonnant pour un homme qui l'est tout autant. Jean-Marie sort son classeur dont il ne se sépare jamais. Flash-back. "L'histoire est sympathique" promet-il.
"Jeune, j'ai fait de la compétition automobile à un haut niveau. Un jour, j'ai eu la bonne idée de créer une activité qui a ensuite été connue dans le monde entier, le racing team junior". L'oeil pétille. Jean-Marie se plonge avec délectation et émotion dans cette histoire qui a rythmé sa vie. Pendant trente ans, "je me suis occupé de jeunes pendant leurs heures de loisirs en leur faisant fabriquer des copies de Formule 1". A ces mots, Jean-Marie parcourt le jardin et soulève les bâches. Certaines des 23 Formule 1 sont toujours là. Un vrai paddock de Grand Prix. Renault Williams, Benetton…
Jean-Marie n'est pas peu fier. "Très vite, j'ai eu les honneurs de la presse spécialisée et j'ai reçu des courriers du monde entier". L'émotion est bien là. Cette activité le conduit sur les circuits des Grands Prix. C'est là sans doute qu'il perd une partie de son audition à cause "de l'exposition prolongée au bruit des moteurs des voitures". "Pendant toutes ces années, j'ai navigué dans des sphères un peu spéciales". Le milieu de la Formule 1 est un monde à part… "J'ai croisé Ayrton Senna,
Patrick Tambay et de nombreuses autres stars de la F1".
Photos à l'appui. Parmi elles, Philippe Streiff. Victime d'un grave accident, ce champion automobile devient tétraplégique. "Quand Philippe a eu son accident, ça été le déclic. Je me suis alors intéressé au problème des fauteuils et de l'autonomie des personnes handicapées". Rapidement, Jean-Marie doit interrompre l'aventure du racing team junior "car je ne pouvais pas mener les deux activités de front". La voix traduit une once de regret.

"Cela fait maintenant neuf ans que je travaille sur mes fauteuils et les voitures sans permis". L'Agefiph Rhône-Alpes intervient une première fois pour financer l'élaboration d'un prototype. Le fauteuil ainsi conçu est révolutionnaire "et peut entrer dans la plus petite des voitures, celles sans permis". "J'en ai fait un véritable défi" martèle notre homme, volontaire. Position assise normale, couchée, extra basse : plus qu'un fauteuil, toute une série d'innovations techniques favorisant l'autonomie des personnes à mobilité réduite. Sans compter tous les aménagements de la voiture imaginés par Jean-Marie. "Mon système est vraiment complet".
Recherche de fonds, réalisation d'un prototype, étude expérimentale, négociations avec des constructeurs automobiles, Jean-Marie multiplie les actions pour permettre l'industrialisation et la commercialisation de ses produits. "J'ai essayé de trouver des industriels sur ce marché, mais mon fauteuil n'intéressait personne". "J'ai même participé au concours Lépine", où il obtient un prix, et au concours national de création d'entreprise de technologies innovantes "pour essayer de trouver des partenaires". "Avec ce que j'ai mis au point, on peut diviser par quatre le coût général, entre le fauteuil, la voiture et les différents aménagements par rapport à ce qui existe aujourd'hui". Tout simplement é-to-nnant. Après moult péripéties, rebondissements et difficultés en tout genre, l'entreprise est aujourd'hui créée. "Un vrai parcours du combattant !". "L'Agefiph a complété les fonds que m'accordait l'ANVAR (Agence nationale de valorisation de la recherche). Je devais apporter 30 % du capital, mais je n'avais pas de fonds propres !". Jean-Marie est "rmiste".
Fauteuil et système de conduite sont désormais en cours d'homologation, et la société créée par Jean-Marie Mocquot devrait bientôt pouvoir commercialiser sa production. Le début d'une nouvelle aventure. Ça roule !

©photos : Marie-laure Costa


texte mis à jour le :  11 fevrier 2005